Texte de Robert Marteau
by b
Georges Badin par Robert Marteau
Fougue, c’est le premier mot qui me vient dés que je m’arrête un instant à dire de ce que fait Georges Badin avec de la toile et de la couleur, avec de la couleur sur de la toile : où il avait, comme un chaman, ou comme un sacerdote épique, convoqué les vents, les ciels, les assauts des collines et des vagues, qu’elles soient prairiales, marines, animales. Arc-bouté, le peintre contient l’afflux, qu’il lui faut, sans l’affaiblir, métamorphose, convertir en musique, en arrangement sauvage et précieux, de préciosité barbare, sans arrêter ce qui, soulevé, s’en venait. Aussi, est-ce, à quelque degré, une imitation de la tauromachie, où il s’agit de dominer la force en l’épanouissant en figures. Les éléments sont les acteurs présents sur le lieu de l’action – ici, celle de peindre. Aucun ressort ni recours qui ne ressortissent à ce seul acte. Il n’y a pas de découverte de la peinture de Badin qui se fasse autrement que par choc émotionnel. Tout y est franc, sans subterfuge : en prise directe avec les aspects mouvementés du pays étendu à la planète Oeuvre en extension, et que la surface solide ne contient que par la force des choses. Peinture qui affronte sans faire fi de la profondeur. Elle se tient en suspens, répugnant à l’immobilité, comme brièvement retenue pourque la vue y éclose, gratifiant le souffle.