« Si vive fut l’aventure » de Georges-Emmanuel Clancier
Croix (s) moi, qui te regardes comme désir, prière, fragments au nombre de quatre, pour que le chant s’éternise. Le poète a été souvent à mes côtés. Je lis ses mots, ses interrogations avec leur inachèvement, et je ne peux qu’y mettre des couleurs. Georges-Emmanuel m’appelle, me retient, m’ouvre chemin faisant.
Portrait de Georges Badin dans « Vive fut l’aventure » (Editions Gallimard) de Georges-Emmanuel Clancier
De l’aventure, si vive qu’elle n’en finit pas.
Interroger serait ouvrir, comme dans les fugues de Bach, des voies parallèles qui, musicales ou écrites, ont une égale importance. Un peu l’opposé de la Joconde, où le sourire domine et où le reste, le paysage avec tous ses composants peut-être nécessaires, a peu de vie. Toutes ces lignes de force qui structurent le poème, que suit le lecteur, par quoi sont-elles tenues pour des vérités, passagères sans doute, et c’est ce doute qui devient support de beauté ? Cet égarement voulu par le poète est presque l’expérience la plus profonde, ce grâce à quoi il doit donner nouvelle vie aux poèmes. Ce que l’on prendrait en général pour une « faute »devient chez Clancier de l’or.
Nageur, s’il l’est encore, du moins le poète en souhaite la ligne, le portrait qu’il en trace est en mouvement. De la toile aux images, il ne le laisse pas en repos et s’il exhorte (impératif amoureux), s’il affirme (phrases où s’entend qu’il les donne à désirer), il va des planches qui fendent l’écume à l’oiseau de passage, du taureau, sa merveille, à l’air d’été qui les relie : dérouler est constant. Il la regarde, on peut croire indéfiniment : où la voit-il ? Le verbe est redit, re-nommé en une lancinante litanie dans laquelle toujours elle sera prisonnière.