« Par la danse et l’élan » in Vive fut l’aventure

Portrait du peintre Georges Badin

Tel lui-même ivre de lumière
en la mer
immergé.

Eclats
brisures
somptueuse nonchalance en croix
sur le lit du large.

Mille et mille étincelles éblouies
de ciel
sous les diaprures
de sel
et d’écume.

Danse ou combat ?
Arabesque et guerre
avec l’ange
qui vient, s’enfuit, revient, s’échappe
en toute vague.

Et les bras, les jambes, les mains, la chaude,
allègre fureur du corps
étreignent enlacent épousent
le tumulte
originel

avant de regagner apaisés en croix
sur le lit du sable
celle
dont les seins le regard le silence
et l’amour
donnent sens
jour après nuit
à l’incertaine traversée.

Ainsi tel lui-même en la mer
immergé
aux prises avec la houle
de lumière
de feu
de chair
que la couleur tour à tour promet
et dérobe,

ainsi va-t-il vigie de proue
par la danse et l’élan
des vastes
brassées de couleur

au-dessus du vertige.

Tout fou
cavalcadant
en blanc tumulte
d’écume

vers le large.

Ainsi
le jeune torrent
de vie
à la fonte fracassante

des neiges.

Tout fou taureau
de feu
fonçant droit
ébloui

vers la foudre.

Double mélèze
haut blason
d’un novembre
incertain.

Grand oiseau
déployant
à contre-mont
son blond plumage.

L’heure on dirait
retient
son souffle

pour que la multiple
lumière
ouvre à plein ciel
sa corolle bleue.

Plus blanche et plus fraîche
scintille en mille arpents
d’étincelles la neige

sous le noir regard
d’une sauvageonne éclose
fille d’ambre sombre au bord

de l’île et de la fable.

Georges-Emmanuel Clancier, Vive fut l’aventure
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