C’est la mer Allée avec le soleil

Un texte de Georges Badin – 25 décembre 2009

L’enfant était dans ce vaste domaine sans possession d’aucune sorte, avec le bois de pins qui entourait la cave, une grande bâtisse en pierre qu’il avait toujours pensé être une demeure, alors qu’elle abritait de très grands fûts, un pressoir dans une obscurité propice à une vie sourde, la transformation alchimique du raisin, avec cette odeur âcre sans qu’elle ne s’arrête. Plus tard dans ses peintures, il verra que le noir venait aussi de là, lien entre ces deux temps, durée qui fait vie.
Il continuait à marcher sur le chemin et c’était la descente le long de la rivière, la brillance argentée de l’eau l’accompagnant.
A Nice, dans une pièce vide, l’enfant disposait au moyen de ficelles tendues d’un mur à l’autre des papiers de couleurs, nombreux, qui au moindre souffle d’air lorsqu’il ouvrait la fenêtre alliaient le frémissement, le bruissement  à l’intransigeance de la couleur. Plus tard lorsqu’il verra les papiers collés de Matisse, ces deux actes le placeront à jamais dans ce que Baudelaire nomme « Un ciel pur où frémit l’éternelle chaleur ».

Georges Badin – 25 décembre 2009