Pourquoi j’écris, James Sacré ?
by b
Où vous rencontrerez-vous, écriture et personne ? Vous écririez pour que les lignes vous secondent, noires sur la page tenue sur une écritoire. Elles agiraient mais pour le moment elles sont sans précision, en désordre et vous oppressent.
« Elle déconstruit l’hypothèse divine » (Raphaël Enthoven), l’écriture qui se sert de ses armes contre la culpabilité, le dieu social avec les paroles imposées dans ses églises, répétées sans que les fidèles s’en aperçoivent, alors qu’elle manifestera dans ses détours et cercles ou accès aux montagnes une indécence qui ne se laisse pas prendre aux mailles, aux filets. Compacité des sons, de l’un à l’autre séparés, unis, suivant une droite comme les bras étendus d’Aphrodite, les recevant dans un ultime abandon.
Des événements, les premiers hommes . Ils s’ajoutent à ces noms une liberté devant laquelle ils se trouvaient contraints d’être et qui dans ces deux situations d’être les dirigeraient vers la beauté dès leur rencontre. Dans le cas de l’écriture il se dirigerait vers la déconstruction. Dans le second cas, où peindre dépendrait des événements. Se dire dans la déclamation (déclamer) et tout de suite, dès la première note, en mettant le doute à nu et il y est contraint, si bien que les notes se joignent par un souffle brûlant, s’appellent par un creux au noir lisse et actif et c’est la sonate en si mineur de Chopin. Les couleurs sont soumises à la même marche, précipitation ou lenteur : le bassin par exemple est bleu, il le voudrait changeant selon le jour, l’heure, et il s’ensuit des bandes de couleur, bleu clair, bleu outremer, bleu couchant de soleil qui sont éparpillées pour se rejoindre peut-être bientôt avec les toiles ou les papiers qui les multiplieront, les assembleront pour le cercle du bassin autour duquel l’enfant tournait.
Ce qui aura été donné à lire n’a jamais été attendu et si l’oscillation entre les notes de la sonate comme entre les mots de l’écriture sur la page ou seulement entendus dessine ce que va poursuivre la ligne ou la courbe, le lecteur sera le premier auteur.
Le verbe non loin de lui, il se dérobait à son regard, sur le carnet les taches de couleurs glissaient (on pourrait mieux dire que leur surface était transparente et lisse comme l’eau souvent qui l’arrêtait) et, le danger était de donner à ces taches trop de vouloir être avant toute intention de nommer qui se rapportait évidemment au peintre, de côtoyer le bassin, de faire que l’eau jaillisse du rocher et surtout s’il atteignait de telles limites qui pouvaient être de mort, c’était pour, avec la page suivante, retrouver le cercle, l’eau, les feuilles, le rocher, les poissons. Le verbe premier était « se dérober ».
2 janvier
La toile sur châssis, la toile souple, au sol, grandes surfaces, la liberté qu’elles offrent a ses absolus, les rythmes qu’elles tissent (retour à Pénélope), le soir effacé, toujours recommencé, la beauté a ses jours, ses nuits, les regards des passantes, des notes écrites sur le tissu vont jusqu’au livre « mais la nature est là qui t’invite et qui t’aime / Plonge toi dans son sein qu’elle t’ouvre toujours » Lamartine.
23 janvier
S’il avait en tête cette phrase « Dehors la nuit est gouvernée » (Char), c’était pour détacher le verbe, lui donner un sujet, l’écriture, vouloir se saisir du temps et lorsqu’il écrirait souhaiter se perdre dans ses enthousiasmes , être à l’avant, comme si c’était un navire dont il ordonnerait la route, mais en n’étant pas maître de ses accidents.
24 janvier
Le poème long oscille entre les affirmations, les conseils pour faire croire à une certaine lucidité et après avoir fait quelques strophes descriptives de la nature : les deux ruisseaux qui courent puis disparaissent, les bois dont les feuillages s’entremêlent, il rédige une sorte d’ordonnance pour lui alors la vraie écriture aurait été de déjouer toutes les affirmations et de les mettre en doute.
29 janvier
Si le poète du vallon avait peint, utilisé des couleurs, il aurait écrit : « Le tableau n’est que le résultat d’un travail ». Se serait-il arrêté sur la condamnation à la mort qu’il propose malgré lui à l’inattention, au présent de tous les possibles, à l’hospitalité que Derrida souhaitait, attendait, a parcourue et qui ne l’a jamais fait chuter. Heureusement quand il se perdait,
1er février
Sur le chemin d’abord montant, à droite la colline avec ses chênes-liège et ses terrasses, à droite un creux, mais ce qui accompagne, ce sont les quatre impromptus de Schubert qui se décomposent en deux temps, faible et fort. On est pris uniquement par la route et, d’une façon semblable aux notes du début de l’impromptu qui ne donneraient qu’une direction, qu’un imaginaire, tous deux mouvants. Ce qui nous éloigne à jamais d’un système.