Libellules, mes survenantes par Alain Freixe
C’était hier. Le temps des libellules aux ailes rouges. Alors l’étang de Canet-Plage/Saint-Nazaire aux vases mouvantes regorgeait d’anguilles, muges et grenouilles à ses bords, dans les sanils, sous les vrombissements des abeilles, des mouches et autres moustiques. Alors, sous l’olivier de Bohême, le vol rectiligne des chevaux du diable décidait de la lumière du désir.
Nos terribles temps de spectacularisation et de marchandisation généralisées ont éteint ces lieux de vie. Que plus rien ne grouille ni dans les eaux, ni sur terre, ni dans les airs! Asepsie/asphyxie. Contrôle sur l’exubérance des étés. Désormais, le soleil a ici la cruauté qu’il faut aux touristes dont le cœur horizontal ne supporte plus que les eaux lourdes et les rives molles du fleuve dans lequel ils se baignent mille et une fois.
Aussi quand il m’arrive de revoir une de ces survivantes, hier en bolide vient percuter le sombre aujourd’hui et le ciel s’ouvre. les sortilège sont rompus. La chance sourit. A nouveau. Au loin. Indestructible.
Alain Freixe,
Nice, les 4 et 5 janvier 2012