Texte de Serge Mestre

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Georges Badin par Serge Mestre

De « Textruction » à « Natures et Galbes » : Georges Badin nous avait habitués, autour des années 1970, à ponctuer ses toiles, libérées de tout support, de lettres imprimées au pochoir. L’image affirmait alors son désir de ne pas être dite et pour ce faire elle se contentait de désigner la trace du mot, la lettre qui, refusant d’organiser le sens, se plaisait à signifier qu’on peut aussi l’ébaucher comme autre objet de la figuration en peinture … Au cours des années 1990, tout se passe comme s’il avait entrepris de totaliser les thèmes de la peintures pour les traiter simultanement. Le corps, ou plus précisement la galbe du corps avec ses différentes chutes. Les galbes, la nature et les natures mortes se distribuent sur la toile comme si le souci était de composer le lieu ou la figuration prend son sens. Et prendre sens suppose ici une fracture qui soumet le spectateur à une réalite toute autre que celle attendue losqu’on lui parle d’image. Son originalité se trouve précisément sur ce terrain : sa peinture n’interroge pas l’image, elle va bien au delà, elle dit l’image. Georges Badin, peintre-poète, modèle la triangulation « corps, nature et nature morte » avec la matière des teintes s’imprimant l’une sur l’autre ou coulant plus naturellement sur la toile comme l’eau qui ruisselle sur la peau. On est, avec ces dernieres toiles, en présence d’un processus de fracture de l’image qui, loin de représenter la destruction de celle-ci, s’épanche sur sa construction … comme si tout avait été fracture avant de commencer à exister.